Par Clemz
Le figuratif contemporain du duo Jodoin/Sonmor
Un cheval, immense, bien campé sur ses sabots, nous accueille au fond de la salle. L’œuvre respire la quiétude. Ses couleurs chaudes nous convient au silence, à la contemplation. Cette introduction met la table pour toute l’exposition, tranquillité et ravissement. À l’inverse des questionnements et dénonciations qui viennent avec l’art contemporain, ici, c’est plutôt un moment d’arrêt, ce n’est pas le genre d’exposition où vous serez renversé. Les œuvres, qui semblent provenir d’une autre époque, une période où l’on prenait le temps de respirer et de contempler la nature autour de soi amène le visiteur dans un univers particulièrement apaisant.
France Jodoin et Kevin Sonmor, deux peintres figuratifs contemporains de la région, nous partagent leur passion pour les maîtres anciens. Leur approche s’inscrit dans la mouvance des nouveaux maîtres anciens, comme l’a ainsi défini Donald Kuspit, critique d’art. Les sujets présentés peuvent très bien figurer dans une période plus classique de l’art, chevaux, pêcheurs, fruits et nature morte forment le point de départ des œuvres. Par contre, en comparaison aux classiques, où la peinture est savamment léchée, les œuvres du duo Jodoin/Sonmor, démontrent toute l’énergie déployée dans la création de ces tableaux. Couches par-dessus couches, les coups de pinceau, francs ou effacés forment cette texture épaisse ou dégoulinante qui donne une profondeur aux œuvres.
Appuyé par un chromatisme chaud et riche, Sonmor nous livre des tableaux impressionnants qui se présentent tels de petits théâtres. De son côté, les paysages de France Jodoin, nous font voyager à travers des histoires qui semblent évoluer dans une époque romantique.
Accessible et surprenant
Comme me le mentionnait la conservatrice du musée des beaux-arts de Sherbrooke, Mme Sarah Boucher, « cette exposition est un léger retour aux sujets classiques ». Évidemment, le traitement des œuvres nous laisse dans le contemporain, mais les sujets font plus référence à une période classique. Tout d’abord, les deux artistes ont une préoccupation évidente pour l’esthétisme des œuvres. Les couleurs chaudes, le travail de l’huile et les sujets nous ramènent à une certaine époque. Après l’éclatement du contemporain, nous revenons au calme et à l’apaisement. Il nous est plus rare de voir ce type d’exposition, mais comme le soulignait Mme Boucher, « Ça fait du bien, juste de contempler et de laisser aller notre imagination sur ces mers sans horizons. »
Autre fait d’importance, c’est l’accessibilité de cette exposition. « Une nouvelle clientèle était présente lors du vernissage ». Comme me le faisait remarquer la conservatrice, étant donné les sujets traités et la façon dont ils le sont, différents visiteurs peuvent se sentir interpellés. « Les gens ont plus de facilité à trouver leur repère, donc, plus d’aisance à apprécier l’exposition. » « Le but du musée des beaux-arts en est un aussi d’éducation, et c’est en présentant différents types d’exposition qu’il réussit cette mission. » Ajouta Mme Boucher
C’est, donc, entouré de formats immenses pour certains, et baignant dans une douce odeur de peinture à l’huile, que le spectateur aura le loisir de découvrir de toutes petites histoires, anecdotes qui semblent figées dans l’éternité.
L’exposition a lieu du 21 janvier au 25 mars 2012.
Pour plus d’information mbas.qc.ca
archivé de : http://www.zone-art.ca/de-petites-histoires-sur-grands-formats